Bilan 2022 : Le grand chamboulement

« Les émotions à fleur de peau » : voilà qui résume 2022. J’avais pourtant démarré cette nouvelle année avec une motivation gonflée à bloc. J’avais des projets plein la tête : un site internet, quelques ruches en plus, je croisais les doigts pour que le miel coule à flot. Je voulais maintenir mes partenariats, en créer d’autres, partager ma passion dans les écoles et sur les marchés et en apprendre plus dans le domaine de l’apithérapie. J’étais loin d’imaginer ce qui m’attendais alors…

J’ai démarré la saison apicole physiquement seule. Accompagnée de loin par parrain, alors hospitalisé, je suivais ses conseils à la lettre. Je buvais chacune de ses paroles. A nous deux, nous comptabilisions alors 12 ruches – dont 2 se sont éteinte après la dernière offensive de l’hiver. De retour de son hospitalisation, il n’a jamais repris l’apiculture. Petit à petit, il m’a laissé sa place. Il me donnait ses « ordres » et nous maintenions notre petit jeu du patron et de l’apprenti. Il s’excusait de me diriger ainsi et de ne pas encore avoir retrouvé la force. Moi, je le remerciais de tout m’enseigner. Quand je lui ai raconté que mon tout petit essaim (qui avait élu domicile chez moi dans un vieux tonneau), était devenu un magnifique essaim populeux, il m’a alors dit: « c’est que tu es faite pour ça, l’apiculture c’est fait pour toi », j’ai été touchée en plein cœur.

La saison de la récolte est arrivée. Il fallait prendre une décision et trouver un espace « ailleurs ». Je n’oublierai jamais ce jour où, avec papa, j’ai tout chargé dans la remorque. J’ai pu voir dans les yeux de parrain, la profonde tristesse d’une page qui se tourne, tout en y trouvant de la fierté et du soulagement, de savoir que la relève était assurée. Je ne saurai définir ce moment, cette sensation aussi agréable que douloureuse.  Sa cuisine ne pouvait plus être utilisée, c’était devenu sa chambre, ses jambes ne le portait pas assez. Il s’est acharné à faire ses exercices et a fini par récupérer des forces. Valentin (notre kiné), si tu lis ces lignes, merci pour tout ce que tu as fait pour lui. Grâce à toi, nous avons pu garder espoir et vivre les moments intenses qui ont suivi. On y a tous cru à ce regain d’énergie. En pleine récolte, ravie que le miel coule à flot, je l’ai appelé: « parrain, la récolte est magnifique, tu veux que je vienne te chercher ? ». Nous avons pu capturer ces moments intenses, ses tours de manivelle à l’extracteur, ses ordres : « Allez, laisse-moi désoperculer maintenant ». Ce fut notre dernière récolte commune… Il s’en est allé quelques semaines plus tard et le chagrin de son départ ne m’a jamais quitté depuis.

Pourtant, je n’ai RIEN lâché, j’avais promis. Papa est devenu « mon apprenti », ou plutôt, mon « compagnon » comme on dit dans le jargon. Un compagnon qui en sait souvent plus que moi d’ailleurs. Sa seule faiblesse : il a peur des abeilles. Moi qui voulais apprendre l’apithérapie, je l’ai découverte sous un autre angle... Continuer de travailler au rucher m’a donné la force d’avancer, de mener à bien ces projets. L’apiculture EST ma thérapie. Moi qui voulais avancer petit à petit, et ne pas aller trop vite pour agrandir mon cheptel, je me suis retrouvée avec 14 ruches à gérer et une miellerie en construction (merci papa, merci maman !).

Parrain, l’apiculture n’a plus la même saveur sans toi, mais ta passion coule dans mes veines ! Merci de m’avoir offert ce que j’appelle « mon Ikigai ». Chaque jour, je m’inspire de ta force. (L'Ikigaï est une philosophie née au Japon et dont le principe est de trouver sa « raison de vivre » via une réflexion profonde, sincère et pertinente sur soi et sur le monde autour de soi. « Iki » veut dire « vie » ou « vivre » et « gaï » signifie « valeur » ou « vaut la peine ». )

J’ai perdu d’autres proches, 5 au total entre octobre 2021 et décembre 2022. Jusqu’au bout, cette année a été rude, le 31 décembre ne nous à pas épargné... Pourtant, la vie a continué, à chaque épreuve le temps a continué d’avancer, même si j’ai eu l’impression d’un éternel recommencement. Les oiseaux ont continué de chanter, les abeilles n'ont cessé de butiner. J'ai tenté de faire ressortir mon côté  "Happy" qui commençait à s'éteindre . Le miel a continué de couler à flot, j’ai maintenu les partenariats, repris le chemin des marchés,... Les abeilles ont été traitées contre le varroa et 14 ruches sont en hivernage. Une a essaimé, une autre a été attaquée par la fausse teigne, mais en pleine saison, 2 essaims se sont installés.

C'est ainsi que, malgré toutes ces émotions, 2022 a été synonyme de progrès et d’éléments positifs :

• J’ai mis mon mari hors du bureau familial pour en faire mon espace de travail et une future « mini happy-boutique » - Merci mon amour 😉
• Les travaux de la miellerie - en plus de ceux de notre maison - ont été entamés (ça, ce n’était pas prévu au programme ! )
• Environ 300kg de miel ont été récoltés et mis en pot avec un nouvel étiquetage ( j’en voulais plus, j’en ai eu plus !)
• 2 arbres ont été plantés (peut mieux faire…)
• Le matériel pédagogique a été étayé (et il n’y en a jamais assez)
• Environ 250 élèves de tout âge ont été sensibilisés à la cause des abeilles
• 12 colonies ont produit du miel et de la cire
• Le jus de pommes à rejoins l’étalage et le sirop à reçu une belle étiquette pour être mis en valeur.
• Je peux vous accueillir sur les marchés grâce à une tonnelle digne de ce nom et je suis visible partout avec mon « happy-mobile » floquée aux couleurs de mon logo.
• Et les marchés de Noël ont été un énorme succès !

Alors, pour finir cet article, je voudrais vous remercier…

Merci à vous, qui êtes de plus en plus nombreux à me montrer votre soutien dans ce projet. Merci, vous qui parlez de moi, m’encouragez, me faites confiance, me donnez des idées, me permettez d’avancer. Si ce projet continue d’évoluer, c’est grâce à vous ! MERCI !